Après la patrouille de l'aube et un repas léger, j'avais fait une toilette rapide et salué ma compagne avant de m'enfoncer dans la forêt hors du camp pour m'acquitter des tâches de ravitaillement. J'aimais la chasse et sentir le souffle du vent dans mes longs poils roux. J'aimais la vitesse et la force de la terre monter dans mes pattes, puis dans mes épaules et remonter jusqu'à mon cœur puis jusqu'à ma tête. J'aimais la liberté et cette vie sauvage et chaque jour je remerciais le Clan ds Étoiles de m'avoir fait naître ici, dans cette forêt, dans mon Clan, de m'avoir donné une famille, une compagne et deux petits. J'étais heureux et c'était toujours avec cette même joie que je me réveillais chaque matin pour servir les miens du mieux que je le pouvais et jusqu'à la mort.
Après ma course libre, je freinai d'un coup et me tins bien droit entre les arbres, reniflant l'air environnant pour sentir chaque effluve de ma douce forêt. Une odeur de feuilles, d'eau, d'air frais me parvint. J'aimais ça et je m'en emplis les poumons. c'est alors que vint s'ajouter à ce concert de senteurs, celle du délicieux gibier de la saison des feuilles nouvelles. Je me campai sur mes pattes, raides comme une statue et attendis en reniflant lentement afin de repérer l'odeur. Je réussis à repérer ma proie. C'était une pie. Je m’aplatis sur le ventre et rampai vers les fourrés. L'oiseau était là et grignotait. En silence, je pris mon élan et tout à coup, bondis sur lui. Je l'enfermai entre mes pattes mais un bruit de feuilles retentit derrière moi me faisant sursauter et je tournai la tête. Ma proie, sentant mes griffes se desserrer sur elle, donna quelques violents coups d'ailes et se dégagea avant de prendre son envole. J'étais furieux. Qui avait permis à mon repas de s'enfuir? Je reniflai mais aucune odeur ni aucun son ne me parvinrent. Bien décidé à récupérer ce qui venait de m'échapper, je m'élançai à sa poursuite.
Je la retrouvai non loin de là, posée sur une branche à siffloter gaiement, sa frayeur sans doute déjà passée. Je grimpai à l'arbre voisin et grâce à quelques acrobaties, j'atteignis la branche où se trouvait l'oiseau noir et blanc. Elle se retourna et me dévisagea, tétanisée.
- Viens voir tonton... murmurai-je un sourire machiavélique sur les lèvres et ma langue léchant mes babines.
Je pris mon élan en remuant la queue mais elle se saisit et s'envola. Malgré le bond magistral que je fis, je ne réussi à attraper que quelques plumes. Je dégringolai et elle planait au dessus du sol à présent. Ce jeu recommença maintes fois et je la pris en chasse ainsi jusqu'à l'Arbre aux Chouettes. Je l'aurai, je l'avais décidé.
Enfin, je réussis à la prendre au piège. Elle s'était réfugiée sous les racines de l'arbre et n'avais aucun moyen de s'échapper. Je me mis à fouiller la terre pour agrandir le trou et pouvoir l'attraper mais je sentis alors une masse énorme s'affaler sur moi et j'eus le souffle coupé. Je me débattis alors en voyant ma proie s'envoler tout d'un coup, sous mon museau. Poussant un cri de rage, je sautai sur mes pattes lorsque mon assaillant me lâcha, mais ayant fait volte-face, je ne vis rien. Alors, un cri strident retentit dans les herbes à ma droite et je les vis s’agiter et des plumes noires voler. Mon adversaire se trouvait là, dans ces herbes hautes et venait certainement de tuer ma pie. Avec un grognement de colère je me lançai à sa poursuite bien décidé à découvrir qui c'était mais arrivant sur le lieu du crime, je ne trouvai que quelques gouttes de sang et des plumes. Le félin mystérieux n'avait aucune odeur, seules celles du gibier et du sang persistaient. Je n'allais pas abandonner. Je m'élançai en direction des chutes pour le rattraper. Je gagnais du terrain, mon ennemi devait porter la grosse pie et cela le ralentissait. Enfin, au détour d'un bouquet d'orties, je vis une queue tigrée disparaitre entre des fougères. Je bondis mais ne vis rien. La poursuite continua jusqu'au territoire du Clan du Vent. Je savais que je ne pouvais passer la frontière, mais c'était sans doute un de leurs membres qui venait de nous voler du gibier et je le lui reprendrai sans que personne ne sache rien.
Je pouvais entendre le bruit des chutes non loin de là et je me disais que s'il était allé dans cette direction je devais rester sur mes gardes. Jusque là, il semblait simplement les longer. Je continuai ma poursuite en suivant l'odeur de la pie morte.
Edit du titre by Haxhel, c'est Etoile d'Argile et non Argent ;P